Réunis autour des maisons vides (ou le réveil de la mémoire)

Une histoire, à lire (pourquoi pas ?) en musique :

Lorsqu'un malheur se tramait et qu'un mauvais décret avait été promulgué dans les cieux, un sage (le Baal Shem Tov) allait se recueillir à un certain endroit dans la forêt. Là, il allumait un feu et se plongeait dans une prière silencieuse. Et ce qu'il avait décidé de réaliser devenait possible. Le miracle s'accomplissait et le malheur était révoqué.

La génération suivante, lorsque le disciple du sage (le Maggid de Mezeritch) devait intervenir pour les mêmes raisons, il se rendait au même endroit dans la forêt et disait : "Je ne sais plus comment allumer le feu, mais je suis encore capable de dire la prière". Et le miracle s'accomplissait encore une fois.

Encore une génération après, le disciple du disciple du sage (R. Moshe Leib de Sassov) allait lui aussi dans la forêt et disait : "Je ne sais pas comment allumer le feu, je ne connais plus la prière, mais je me souviens de l'endroit, cela devrait suffire." Et cela était suffisant.

Puis ce fut le tour, une génération plus tard, d'un autre disciple (R. Israel de Rizhin) d'écarter la menace. Assis sur sa chaise, dans sa maison, il se prenait la tête entre les mains et disait : "Je suis incapable d'allumer le feu, je ne connais pas la prière, je ne peux même plus retrouver l'endroit dans la forêt. Tout ce que je sais faire, c'est raconter cette histoire, cela devrait suffire."

Et là encore, cela était suffisant.

(Cf. Elie Wiesel "Célébration hassidique" ; Martin Buber "Les récits hassidiques" ; Gershom Sholem "Les grands courants de la mystique juive").